Aubert Henri Jean PUIG

"Puig-Aubert" ou "Pipette"

Né le : 24/03/1925 à Andernach (ex RFA, Allemagne)
Décédé le : 03/06/1994 (69 ans) à Carcassonne (Aude)
Taille : 1m66
Poids : 65kg (90kg en fin de carrière)
Poste(s) : 15
Profession : Représentant chez RICARD

Biographie

PIPETTE (qui n’est pas encore son surnom) nait le 24 mars 1925 à ANDERNACH en ALLEMAGNE. Son père est en effet militaire mobilisé avec les troupes d’Occupation Outre Rhin. Après la démobilisation paternelle, la famille s’installe à ARLES SUR TECH dans la vallée du VALLESPIR.

En 1935, la famille reprend une épicerie au quartier de la gare de PERPIGNAN. C’est entre les rayons du magasin qu’Aubert développe son étonnante dextérité.

Durant son brillant parcours scolaire au collège, il touche brièvement au football où il fait merveille au poste d’avant-centre. Touche à tout, il intègre l’équipe de rugby de quartier de l’A.S.PERPIGNAN tout en pratiquant l’athlétisme. Il sera ainsi champion du Languedoc… à la perche en 1940 et 1941 !

A 16 ans, il impressionne son maitre d’internat Noel BRAZES joueur emblématique de l’U.S.A.P. champion de France en 1938 et 1952. Celui-ci le fait signer à l’U.S.A. PERPIGNAN en 1941 pour évoluer en junior à la demande d’Aubert.

Dès lors, la carrière d’Aubert est littéralement lancée. Il devient CHAMPION DE FRANCE JUNIOR en 1943 à la faveur d’une victoire face à SAINT JEAN DE LUZ sur le score de 19 à 05. Son addiction au tabac est également bien ancrée. Sa manie de rouler de toutes petites cigarettes afin d’économiser le précieux tabac lui vaut le surnom de « PIPETTE » qui le suivra toute sa vie. Il termine la saison en équipe fanion. Pour son baptême, il se permet de claquer 2 drops dont un de 45m face au AGEN de FERRASSE et BASQUET.

L’année 1944 marque un tournant dans la vie et la carrière d’Aubert : il échappe de peu à une rafle et évite ainsi le STO. Protégé du club, il est mis à l’écart dans les contrées reculées. Mais c’est son drop de 55m en demi-finale face à MONTFERRAND et sa prestation en finale face au BAYONNE de Jean DAUGER qui lui offrent la Une des journaux sportifs. A 19 ans et 2 jours, il devient CHAMPION DE FRANCE DE 1RE DIVISION. Il est l’auteur de la dernière transformation. Ses prestations sont désormais notoires et renommées. Conjuguées au retour du XIII antérieurement banni par le gouvernement de PETAIN en raison de son professionnalisme, Aubert fait l’objet de très nombreuses convoitises de la part des clubs treizistes voisins. Convoitises repoussées par l’autorité paternelle.

Le 12 novembre 1944, l’A.S. CARCASSONNE obtient la signature d’Aubert en présentant 150.000 francs (50 fois le salaire mensuel d’un ouvrier à l’époque) sur la table de la cuisine Cette offre est supérieure aux 50.000 offerts par l’U.S.A.P. Le père parti à la chasse n’assiste pas à la transaction Lorsque celui-ci apprend la nouvelle, il dépose plainte pour « enlèvement « dans l’espoir de pouvoir l’empêcher d’évoluer à XIII. Sinon sa carrière internationale quinziste sera tuée dans l’œuf. Mais il est trop tard. Ce départ à XIII sera un coup dur porté à l’U.S.A.P. d’autant que 8 autres joueurs finalistes franchiront le Rubicon direction CARCASSONNE, ROANNE, ALBI ou le XIII CATALAN. Mais l’U.S.A.P. aura les ressources nécessaires pour s’en relever.

Le talent d’Aubert éclabousse immédiatement le championnat malgré un gabarit des plus modestes. Si sa taille restera figée à 1m63, son poids oscille de 65 à… 90kg en fin de carrière. Le tout entrecoupé de régimes et de période de relâchement. Pas véritablement porté sur l’entrainement physique foncier ni sur une hygiène de vie de sportif professionnel, sa souplesse, son adresse et son bagage technique font malgré tout merveille. C’était en revanche un stakhanoviste de l’entrainement technique. Il tapait ainsi environ 200 coups de pied par entrainement, toujours à la recherche d’une meilleure précision. Pierre ALBALADEJO l’a ainsi désigné comme le meilleur buteur de tous les temps. Pour Les Cahiers de l’Equipe 1959, il tente des pénalités depuis la ligne de but en coup de pied de corner, c’est-à-dire sans aucun angle. Il en réussit 7 sur 10 !

Son palmarès s’enrichit de nombreux titres de CHAMPION DE FRANCE et de vainqueur de la COUPE DE FRANCE. Ce renouveau du Jeu à XIII incite le Président de la Fédération Paul BARRIERE à demander à l’AUSTRALIE, pays phare du XIII et champion du monde perpétuel, d’affronter les Bleus. Les antipodes australes et néo zélandaises acceptent la confrontation.

Cette tournée (de 4 mois) est un périple digne de celle des quinzistes en 1958 en AFRIQUE DU SUD. Après 6 jours et des escales nombreuses, 27 joueurs débarquent en AUSTRALIE. Ils sont l’objet de quelques moqueries de la part des autochtones. Moqueries que subiront par les quinzistes en 58 en AFRIQUE DU SUD.

Mais finalement, les 27 matches (!!) se solderont par 20 victoires, 3 nuls et 4 défaites au total. Aubert (devenu PUIG-AUBERT pour les journalistes) éclabousse la tournée de toute sa classe. Il met sous l’éteignoir LA star australienne et du jeu à XIII Clive CHURCHILL qui reconnaitra à la fin de la tournée que PUIG-AUBERT est le seul qui sache le déstabiliser à la perfection.

PUIG-AUBERT dispute 24 des 27 matches avec quelques statistiques impressionnantes et efface les records de l’époque - 37 points sur les 3 premiers matches - 231 points marqués en 19 matches contre l’AUSTRALIE - 18 tirs au but d’affilée. La tournée en NOUVELLE-ZELANDE fera l’objet d’une seule défaite en l’absence du stratège victime d’un abcès dentaire. Une absence est liée à un couvre-feu non respecté. Un seul match de repos lui a été accordé. Cette tournée triomphale n’a pas été de tout repos. Des matches de province furent particulièrement violents et PUIG-AUBERT une cible jusque dans les couloirs des vestiaires !

Les Bleus remportent la COUPE ASHES qui est considérée comme un titre de CHAMPION DU MONDE. Les prestations de PUIG-AUBERT émerveillent l’AUSTRALIE du XIII qui ne va pas tarder à afficher le portrait PUIG-AUBERT en position de drop au sein du SYDNEY GROUND CRICKET durant de très nombreuses années. Des contrats chiffrés en dizaines de millions de francs lui sont proposés ainsi qu’à Elie BROUSSE plus que brillant coéquipier. Les sirènes australiennes ne feront pas céder PUIG-AUBERT qui se refuse à être éloigné de son cadre de vie tout en redoutant une hygiène de vie renforcée. Son beau-père, trésorier de l’A.S. CARCASSONNE le menace également de reprendre sa fille en cas de départ aux antipodes ! Après 3 semaines de voyage en bateau, environ 100.000 personnes accueillent les joueurs à MARSEILLE. Le triomphe est total.

PUIG-AUBERT est à l’apogée de sa notoriété et est déclaré CHAMPION DES CHAMPIONS en 1951 par le Journal L’EQUIPE devant des grands tels Louison BOBET, Jean PRAT, Jean BOITEUX ou Alain MIMOUN excusez du peu. Ses multiples talents et son éclectisme sportif l’emmènent à participer aux championnats de France de pétanque en 1952.

Après une dernière saison à l’A.S. CARCASSONNE, il signe au CELTIC de PARIS en 1952, club créé afin de lancer le XIII hors de ses terres de prédilection. Cette aventure ne dure qu’une saison. Son retour en province s’effectue au XIII CATALAN jusqu’en 1959 et lui permettra de gérer éphémèrement un magasin de sport dans la cité carcassonnaise. Il devient également ambassadeur de grandes marques comme des alcools anisés ou de vins cuits régionaux ou du chocolat.

En 1954, l’équipe de France accède en FINALE DE LA COUPE DU MONDE mais doit s’incliner face à la GRANDE BRETAGNE. Il effectue une dernière saison à CASTELNAUDARY. Il achève sa carrière en 1960 après avoir disputé son jubilé le… 1er janvier 1959 à PERPIGNAN. Après sa carrière de joueur et 46 sélections en équipe de France, PUIG-AUBERT songe à rendre au XIII ce que la discipline lui a donné. Mais par de curieuses manœuvres politiques, il ne sera jamais en mesure d’intégrer le Comité Directeur. Curieuse façon de remercier un immense joueur qui a tant apporté à cette discipline Il aura été par ailleurs un excellent éducateur. Ainsi il n’hésitait pas à donner un coup de main aux équipes de série et aux jeunes.

Les Juniors de CARCASSONNE furent ainsi champions de France sous ses ordres.

La FRANCE lui accordera la LEGION D’HONNEUR en 1988. Mais le rugby ne le célèbrera qu’après son décès le 3 juin 1994. Un tabagisme excessif aura eu raison de sa santé.

Le 1er novembre 2000, une statue en bronze à son effigie a été inaugurée aux portes du stade ALBERT DOMEC à CARCASSONNE en présence de sa femme Andrée.

(source : fiche de lecture FinalesRugby du livre "Immortel Pipette" de Bernard PRATVIEL).

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