Victor CARRIER

«Le médecin des pauvres»

Né le : 02/01/1899 à La Frette (Isère)
Décédé le : 29/11/1943 (44 ans) à Saint-Marcellin (Isère)
Profession : Médecin

Biographie

Il naît dans une famille d’instituteurs, enseignants à SILLANS, ville où s’écoule son enfance. A 19 ans, mobilisé le 19 mai 1918, il rejoint un régiment d’artillerie avec lequel il participe à la campagne d’ALLEMAGNE puis, le 19 juillet 1922, il part pour le MAROC lors du soulèvement du Rif. Démobilisé, il reprend ses études en 1924, d’abord à LYON puis à PARIS, pour devenir médecin généraliste avec la spécialité d’ophtalmologie tout en s’intéressant à la physiologie de la nutrition. Pour cette dernière formation, il est aidé par Mr Oscar ROLLAND, directeur des laboratoires « Ciba », (propriétaire du château ROLLAND à SAINT-MARCELLIN), avec lequel il met au point un lait en boîte pour enfants. Marié à Melle FEUGIER, de SAINT-ANDRÉ-EN-ROYANS, il s’installe à SAINT-MARCELLIN le 1er juin 1931. Son cabinet se trouvait dans la Grande-Rue, au n° 46 actuel et son domicile privé, Rue du Colombier au N° 5. En 1939, ils auront un fils, prénommé lui aussi, Victor. Fervent sportif, il a deux passions : le rugby et les boules. Très vite, il devient Président du club de rugby qui, aujourd’hui, s’appelle « LE SAINT-MARCELLIN SPORT » (SMS). Les boulistes organisent d’ailleurs chaque année, depuis 1945, un challenge en son honneur. Par son épouse, il a de nombreuses relations avec la rive gauche de l’Isère et, de 1932 à 1939, il est élu conseiller général du Canton de PONT-EN-ROYANS. De mai 1935 à mars 1941, il est conseiller municipal de SAINT-MARCELLIN. C’est ainsi qu’il est confronté à la terrible période de chômage faisant suite à la crise économique de 1929. Il est sollicité pour créer une caisse d’aide aux chômeurs, ce qui ne l’empêche pas de continuer d’assister personnellement les plus pauvres en leur accordant la gratuité des consultations. N’était-il pas d’ailleurs surnommé « le médecin des pauvres » ? Engagé politiquement, il appartient au parti radical-socialiste et, avant-guerre, devient même Président de la section locale de ce parti. En désaccord avec le gouvernement, il abandonne le Conseil Général, en 1939. Dans la terminologie policière de l’époque, le Docteur CARRIER est alors qualifié de « Gaulliste »et « d’anti-gouvernemental ». En 1941, avec le Docteur VALOIS (ami de longue date) il cherche une solution pour sortir le pays du nazisme. C’est le début de la Résistance ; mais ce n’était pas facile d’entrer en résistance. Son pseudonyme de résistant est « Lafayette ». Pourquoi ce choix ? Parce qu’il est un homme de compromis comme La Fayette. Il aide son ami VALOIS à recruter des agents sûrs pour le réseau Carte-Frager, organisation en liaison directe avec « la Spécial opération exécutive » anglaise dont les objectifs sont le quadrillage de la métropole pour un réseau de renseignements, l’organisation d’évasions, l’exécution de sabotages, le parachutage d’armes et d’explosifs dont à besoin la résistance française. Toujours avec le Docteur VALOIS ainsi qu’avec le Docteur Jean-Louis PAYERNE, il milite à « Combat », mouvement de grande importance dans la région grenobloise, lequel donnera naissance à l’organisation du service de santé de la résistance, pour la région du Vercors. Le Docteur CARRIER devient le chef du sous-secteur de SAINT-MARCELLIN. Enfin, les deux docteurs sont amenés à créer le secteur 3 de l’armée secrète de l’Isère et la formation du Bataillon de Chambaran. Sous la responsabilité personnelle du Docteur CARRIER s’organise un groupe de résistants à SAINT-MARCELLIN. Secteur 3 de l’Isère, chargé de ravitailler les premiers maquis installés dans les environs, notamment à Malleval. Parmi ces pionniers se retrouvent Albert TAILLADE, maréchal des logis-chef de la brigade de gendarmerie, Charles MOREL, lieutenant et commandant de cette même gendarmerie, Félix GRIAT, Arthur MONTAGNER et bien d’autres par la suite comme, par exemple, Jean RONY. Au Docteur CARRIER incombe encore la charge de prévoir les futurs terrains pouvant permettre par la suite divers parachutages. De plus, il héberge des personnes recherchées et noue des relations étroites, en sa qualité de chef responsable, avec divers éléments parachutés. Il est le promoteur de cet élan patriotique qui, dans les mois qui vont suivre, verra le ralliement de nombreux jeunes SAINT-MARCELLINois à la cause de son idéal « la Liberté », n’ayant jamais pu accepter l’occupation de son pays. Mais son action continuelle, son souci de voir grandir cet élan de résistance contre l’envahisseur le fait remarquer. Malgré des menaces de mort, malgré la pression de ses subordonnés pour qu’il quitte le pays, il tarde à quitter ses troupes et sa famille. Toutefois, par mesure de sécurité, tout en préparant son départ, il dort chez des amis, M et Mme REYNAUD. A l’arrestation du Docteur VALOIS, prévenu par le fils de celui-ci, le 28 novembre 1943, il décide de partir le lendemain. Au petit matin, ce 29 novembre 1943, sans avoir fait sa toilette, il va dire adieu à sa famille. Mais on sonne à sa porte....La bonne ouvre. Un groupe de la Gestapo demande à voir le docteur. Celui-ci ayant entendu et compris ce qui l’attend, prend son petit revolver (un 6.35) ayant toujours dit qu’il ne se laisserait pas prendre vivant, avance dans le couloir et tire le premier. Manquant sa cible, il est abattu par une rafale de mitraillette tirée par « gueule tordue », un ancien repris de justice. Après la fouille de la maison, Mme CARRIER et l’employée de maison sont emmenées à Grenoble, au siège de la Gestapo. Le grand-père, très âgé et l’enfant sont recueillis par des amis, la famille LAMBERT. La nouvelle se répand très vite dans la ville. M. REVEL passant devant la maison comprend ce qui se passe et le raconte au café PELLAT-FINET (situé Place d’Armes). Le corps enseignant du collège, informé par l’élève Maryvonne PELLAT-FINET, fait observer une minute de silence. Le Docteur est enterré pendant la nuit à SILLANS, comme un soldat tombé sur le champ de bataille. L’employée de maison est relâchée rapidement, mais Mme CARRIER, après avoir subi le supplice des interrogatoires de la Gestapo, sera transférée au Fort Montluc de LYON pour plusieurs mois, sans jamais révéler aucune des activités résistantes de son époux. Elle décèdera le 20 mars 1945, victime des séquelles de son internement, laissant son jeune fils Victor, âgé de cinq ans. Le père du docteur décèdera après sa belle-fille, la même année et l’enfant sera élevé par sa tante, Mme CAZENEUVE. Le lendemain de l’assassinat du Docteur CARRIER, le Curé CHAVANT, fervent patriote, célébra un service religieux « pour celui dont le nom est sur toutes les lèvres et que personne n’ose prononcer ». Ainsi, l’église de SAINT-MARCELLIN s’avéra trop petite pour contenir la population qui voulait rendre hommage à celui qui fut et restera à jamais « son Docteur CARRIER », médecin des pauvres, héros de la Résistance. Aujourd’hui, une longue avenue à son nom existent près du monument érigé en son honneur (regardant le Champ de Mars) et longe un stade et un gymnase portant son nom. Le monument devant lequel nous nous recueillons fut érigé en 1948. (infos du club de SAINT-MARCELLIN) Face à ce monument (œuvre du statuaire dauphinois H.G. DINTRAT) nul ne peut ignorer qui a été le Docteur CARRIER. En effet, la stèle surmontée d’un buste à l’effigie du Docteur porte son nom, son titre, les dates de sa vie et la cause de sa mort. De part et d’autre de celle-ci, deux bas-reliefs allégoriques racontent sa vie : D’un côté, sont représentées la « Médecine » tenant un caducée d’une main, de l’autre un rameau de laurier, symbole de la gloire et une mère allaitant son enfant, symbole de la « vie » ; de l’autre côté, la « Résistance » tient une mitraillette d’une main, de l’autre un rameau de chêne, symbole de l’immortalité et un rugbyman en pleine action, symbole du « sport ». (source : ville de SAINT-MARCELLIN).

Après-carrière en clubs

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