Théophile Jean Victor CAMBRE
"Théo"
XV de France
Sur le terrain
8 - 3
5 - 6
( Stade du Matin )
7 - 15
14 - 5
( Stade du Matin )
Biographie
Théophile (prénom d'usage) Jean Victor CAMBRE est né le 24
mars 1894 à BORDEAUX (Gironde). Il est le fils de François, cordonnier à
JURANCON (Pyrénées-Atlantiques) et d’Adèle Louise POURTALET.
CAMBRE père est né le 5 septembre 1855 à JURANCON et décédé le
28 février 1928 à PAU. Son père est d’origine espagnole de la province de
Huesca. Sa mère est née à PAREAC (Hautes-Pyrénées).
Il a deux frères et une sœur aînés :
- Antoine Emile, né le 18 mai 1880 à PAU et décédé durant
les combats de la Première Guerre le 25 mai 1916 à DOUAUMONT (Meuse). Il s’était
marié à PAU le 18 janvier 1907 avec Marie Louise CASTAGNET.
- Julie Jeanne, née le 15 avril 1884 à PAU et mariée le 16
septembre 1904 avec Joseph Amédée Eugène MAZZUCHETTI (1879-1954). Tous deux
sont respectivement piqueuse de bottines et cordonnier.
- Gaston (prénom d’usage) Jean Baptiste, né le 4 janvier
1889 à BORDEAUX et décédé le 9 juin 1954 à TOULOUSE (Hautes-Pyrénées). Il exerçait
la même profession que son père.
Sa mobilisation militaire a lieu lors du premier conflit
mondial. Il est incorporé dans plusieurs Régiments d’infanterie (notamment le
288e) et sera démobilisé en septembre 1919. Il sera sérieusement blessé
deux fois par des éclats d’obus qui l’atteignent au visage, la poitrine et la
jambe gauche en 1915 et 1918. Cela ne l’empêchera pas d’arpenter les plus
grands stades nationaux et internationaux. Il est décrit comme « bon
soldat qui a toujours accompli son devoir ».
Le 19 juin 1920, il épouse Rose PLANTE à PEYREHORADE
(Landes). Ils auront un fils prénommé Lubin François Emile, né le 1er
mai 1921 et décédé le 13 juin 1992 dans cette même ville. (1)
Il débute sa carrière à la SECTION PALOISE où il apparait
dans les compositions de la saison 1913-1914 puis en 1918-1919 au poste de
centre ou d’arrière. En mai 1917, il est membre de l’équipe du 288e
Régiment d’Infanterie.
Sa venue au club d'OLORON-SAINTE-MARIE est toutefois
mystérieuse. Peut être sous l'influence de M. PASQUIGNON-LOUBET, riche
chatelain oloronais et conseiller général local. (2)
Très vite, ses performances détonnent. Il participe dès le
mois de décembre 1919 à un match de sélection entre la FRANCE et le Reste avec
son coéquipier de la deuxième ligne LALANNE. Non retenu au départ, c’est une
lettre adressée à Henri DESGRANGES, Directeur de « L’Auto » qui va changer
la donne.
Il sera international à la suite d’une (nouvelle) passe
d'armes entre le chatelain oloronais et le sélectionneur M. Charles BRENNUS après
un match de sélection.
Les versions divergent : la presse locale indique que M.
PASQUIGNON-LOUBET aurait demandé à Charles BRENNUS de se déplacer à OLORON pour
voir Théophile CAMBRE à l'œuvre. L'homme politique était même prêt à
transporter le sélectionneur en terres béarnaises. Il n'en fut rien. Adolphe JAUREGUY
indiquera lui en 1927 que M. PASQUIGNON-LOUBET aurait lui-même emmené Théophile
CAMBRE à PARIS pour le présenter au Comité de Sélection et en proposant de
verser 5.000 francs "si le poulain n'est pas fantastique".
Il
débute par une sélection contre l'ANGLETERRE le 31 janvier 1920. Il devient ainsi
le 126e international français. Après un début catastrophique qui met René CRABOS en rage, il se
reprend et fait preuve d'une grosse solidité défensive.
En avril 1920, la veille de la rencontre face à l’IRLANDE, il
est arrêté en compagnie de Frédéric Lubin LEBRERE et Jean SEBEDIO après avoir
chanté la Marseillaise dans un pub indépendantiste. Une autre version (encore
une fois) indique qu’Allan-Henry MUHR, sélectionneur de l’époque aurait demandé
aux forces de l’ordre d’aller écourter une soirée bien trop arrosée. Malgré un
avant match mouvementé, le XV DE FRANCE remporte sa première victoire face au
XV du Trèfle et qui plus et à l’extérieur.
Lors de l’été 1920, CAMBRE annonce vouloir se rapprocher de la
ville natale de sa femme et annonce signer à l'ASPREMONT DE PEYREHORADE,
ancêtre du club PEYREHORADE SPORTS. Cette décision rend PASQUIGNON-LOUBET fou
de colère. Il se répand dans la presse et dévoile des courriers où CAMBRE
déclare que « le rugby ne nourrit pas son homme » et qu’il ne partira
pas d’OLORON, car trop redevable auprès de PASQUIGNON-LOUBET.
Charles BRENNUS reçoit pour sa part une courrier salé du mécène oloronais qui
met l’arrière international dans une situation très délicate. Des faits de professionnalisme
déguisés sont évoqués.
CAMBRE fait volte-face et signe à l’AVIRON BAYONNAIS après
une enquête fédérale qui n’a pas pu prouver les faits évoqués précédemment. Son
passage est express puisqu’il est écarté de l’équipe avant la fin de la saison.
Il termine son parcours avec le XV DE FRANCE par une quatrième sélection et une
victoire 14-5 face aux USA en octobre 1920.
Il signe finalement à PEYREHORADE en 1921. Ses performances
laissent à désirer. Le capitaine de l’équipe est parfois décrit comme
"totalement hors de forme" lors de certaines prestations comme
exceptionnel à d’autres occasions. Les après-matchs durent parfois fort tard.
Il termine dans le club landais en 1925, date à laquelle il signe
au SA BORDEAUX. Il réside alors cours de l’Argonne. Quelques informations l’annoncent
toujours au SAB en septembre 1927 mais dans une forme physique précaire. Il
joue épisodiquement au CERCLE SPORTIF FRANÇAIS DE BORDEAUX, composé d’anciens
du SBUC et du BEC. En 1929, il quitte le SAB pour signer au BORDEAUX OLYMPIQUE.
A la fin des années 30, il vit 38 rue de Carros.
En novembre 1922, Charles GONDOUIN écrira que Théophile
CAMBRE n’aura fait qu’ « une courte mais glorieuse apparition. »
Il était doté d’un coup de pied gigantesque tout autant que ses passes. La
légende de l’époque veut qu’il ait appris à éviter les adversaires en s’entrainant
dans des champs peuplés de moutons !!!
Théo CAMBRE est plébiscité en septembre 1925 lors de l’élection
de la plus grande équipe du rugby français. Il est alors décrit comme un « météore
passé rapidement dans le firmament des étoiles du rugby mais qui a brillé d’un
éclat sans pareil lors de son passage ». Des termes repris en 1934 et 1939.
Extrêmement talentueux tout autant qu’imprévisible.
Professionnellement, Théo CAMBRE est présenté comme employé de commerce, commissionnaire ou chauffeur automobile.
En 1947, le terrain d'OLORON-SAINTE-MARIE accueillait la
demi-finale de la Coupe Jean Plaa entre LANNEMEZAN et PEYREHORADE. Dans les
rangs landais opérait un certain Lubin CAMBRE.
Théophile CAMBRE décède le 15 septembre 1954 à BORDEAUX à l’âge
de 60 ans.
Un article de "La République des Pyrénées" de 1964
indique que Théo CAMBRE a terminé sa vie impotent et dans un isolement total.
(source : recherches FinalesRugby : Geneanet – Gallica – Filae – « Histoires et Histoire du Peyrehorade Sports » de M. Gaston DUBOIS)
(1) On pourrait croire que le prénom a été choisi en raison de la proximité entre Théo CAMBRE et Frédéric Lubin LEBRERE. Peut être, mais son beau père était également prénommé Lubin.
(2) M. Emile PASQUIGNON-LOUBET aide également au développement du rugby dans les environs d’OLORON-SAINTE-MARIE. Il effectue un don conséquent qui aide grandement à la création du club de l’U.S. JOSBAIG en octobre 1927.