Louis BEGUET
XV de France
Sur le terrain
8 - 3
16 - 3
16 - 8
3 - 12
( Stade du Matin )
14 - 8
( Stade du Matin )
12 - 10
6 - 0
19 - 7
59 - 3
( Stade du Matin )
Spectateurs : 15.000
3 - 17
( Stade du Matin )
Biographie
« La vie de Louis BEGUET, « P’tit Louis » pour ses contemporains de plus en plus rares, est un vrai roman. Le roman de « cape et d’épée » d’un personnage hors du commun, bâti à chaux et à sable, d’un sportif incomparable dont « le corps sain abritait une âme saine » et qui a traversé le siècle avec l’assurance tranquille des hommes forts et graves…» Ainsi, s’exprimait Alain GARNIER dans Presse-Ocean au lendemain de la mort de Louis. Né dans le Nord, BEGUET vint avec sa famille à l’âge de neuf ans à SAINT-NAZAIRE où il découvrit le rugby au lycée et débuta en club à quinze avec une autorisation parentale qu’il avait signée lui-même ! Avant la Grande Guerre, il était, depuis l’âge de 18 ans et son affectation militaire à NANTES, déjà un brillant attaquant du SNUC, dépeint comme «dominant le lot, joueur extraordinaire et bon feinteur» par le journaliste de l’Aéro. Ces premiers matchs en équipe première commencèrent à la saison 1913-1914 où il joue régulièrement au poste de trois-quarts auprès d’un autre joueur qu’il suivra par la suite : Alfred ELUERE et sous l’œil protecteur de Percy BUSH Le premier conflit mondial interrompit la progression du jeune nantais. Engagé volontaire en 1914 au 65e Régiment d‘Infanterie, il devenait officier, se battait à VERDUN et, au cours d’une attaque, se retrouvait seul et blessé dans une tranchée allemande, tous ses hommes ayant été tués. Fait prisonnier, il était, après plusieurs tentatives d’évasion, interné à la forteresse d‘HELIGOLSTADT où il fut le compagnon d‘oflag du capitaine de GAULLE. Une fois libéré en 1918, comme Lieutenant, il rejoignit NANTES où son régiment, le 65e d’Infanterie tenait garnison et retrouva le maillot du STADE NANTAIS avec lequel il joua trois saisons et dont il fut régulièrement capitaine. Ayant souhaité jouer en avant, il fit quelques apparitions dans le pack nantais, mais ses entraîneurs le remirent vite à l’arrière, où il rendait plus de services. Militaire de carrière, il fut muté en région parisienne en 1921 afin d‘effectuer un stage à l‘École des moniteurs de Joinville dont il sortit major et opta pour le prestigieux RACING CLUB DE FRANCE. Il s‘y fit aussitôt remarquer en première ligne et fut dès sa première saison parisienne, capitaine de l’équipe de FRANCE militaire et international avec l’équipe de FRANCE face à l’Irlande. Resté à Joinville après son stage, il devint instructeur de la célèbre école sportive militaire, brillant dans toutes les disciplines. Athlète complet, il devint ainsi champion de France (30,67 m) et international au lancer du marteau. Cette spécialité inconnue en France et que notre Joinvillais a travaillé grâce à un film au ralenti de lanceurs finlandais venus en stage en FRANCE. Lors du match FRANCE-ANGLETERRE d’athlétisme au stade Pershing, il réussit à prendre la troisième place marquant un point. Ce seul et unique point meublera le tableau d‘affichage pendant plus d’une demi-heure tant la domination des Anglais est importante. Il sera champion de PARIS de pelote basque Les deux saisons qui suivirent, il fut pratiquement de toutes les rencontres internationales, n'en manquant qu’une en 1924, face au PAYS DE GALLES. Régulièrement buteur de l’équipe, il marqua contre l’ÉCOSSE, l’IRLANDE et l’ANGLETERRE. Outre par ses tirs au but, il se fit remarquer par son ardeur au combat, notamment face à l’ANGLETERRE en 1923. Avec l’équipe de FRANCE militaire, il réussit en 1925 à TWICKENHAM, alors qu‘il jouait pilier, un drop de 45 mètres, qualifié de «wonderful» par les Britanniques, qui permit à la FRANCE d’obtenir le match nul. En 1924, les Jeux Olympiques se déroulent à PARIS. Le rugby est invité avec seulement trois équipes : les ÉTATS UNIS, la ROUMANIE et la FRANCE. Le 4 mai 1924, il dispute le premier match olympique contre la ROUMANIE (61 à 3) où il marque 19 points (8 transformations (1) et une pénalité). Véritable exploit dans un match international. Il fallut attendre 1967 pour qu’un certain CAMBERABERO détrône notre Petit Louis. 10 fois sélectionné en Equipe de France, il totalise : 1 essai, 10 transformations et 3 buts de pénalité. Le tout au poste de pilier droit où il compte huit de ses dix sélections. Les deux autres étaient au poste de talonneur. Le 18 mai 1924, il dispute la «finale» des Jeux contre les ÉTATS-UNIS. D’entrée de jeu les 40 000 spectateurs de COLOMBES déchantent, la mêlée américaine broie son homologue française. Au bout de quelques minutes, les choses sont claires, les Américains sont les plus costauds, les plus malins et les mieux préparés mais les Français ne veulent pas l’admettre. Le public sombre dans la partialité haineuse et voit des injustices là où il n’y a que des faits de jeu cruels, comme les sorties de Jean VAYSSE et d‘Adolphe JAUREGUY sur civière. La fureur imbécile redouble alors que les Américains marquent cinq essais. Huit supporters américains enthousiastes sont rossés à coups de canne. Beaucoup plus tard, en 1960, il aura l’occasion d’évoquer, avec Yves SELLIN, de la rédaction de Ouest-France à NANTES, cette fameuse finale perdue par les Français sur le score 17 à 3. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne fut pas très loquace en ce qui concerne le match : «Des deux côtés, on a joué dur…» Dur, l’adjectif est faible, ce ne fut qu’une mémorable bagarre. Qu‘Alphonse JAUREGUY, le capitaine de l‘équipe de France, résuma d’une phrase : «C’est ce qui se fait de mieux, sans couteau ni revolver.» Quant aux spectateurs, ils furent odieux. Les forces de police durent d’ailleurs protéger les joueurs américains quand ils rejoignirent les vestiaires. Les conséquences de ce match seront implacables : le rugby sera exclu du programme olympique. Déjà trentenaire en 1924, il quitta le RACING pour le PARIS U.C. puis s’en revint à NANTES où il retrouva son SNUC en 1925. Avec lui, pendant près de six ans, il participa aux joutes du championnat de l’Atlantique, comité dont il devint dirigeant en 1930. Après que le club nantais a rejoint la dissidence de l’UFRA, il devint arbitre, activité qu’il poursuivit après le retour du SNUC dans le giron de la FFR. Tout en pratiquant par ailleurs le golf, le lancer du marteau et le tennis, il arbitrait et entraînait, et, ceci jusqu’en 1939. Rappelé à l’activité militaire en septembre 1939, il fut à nouveau fait prisonnier en 1940. Après son retour de captivité, il devint dirigeant de la FFR en 1948. L’athlète complet, long- temps recordman de l’Atlantique du lancer du marteau avec plus de 36 mètres, international d’athlétisme et de rugby, arbitre et entraîneur, avait ainsi bouclé la boucle. (source : Hervé PADIOLEAU, historien du STADE NANTAIS, que nous remercions tout particulièrement) (1) La huitième transformation n'a pas été comptabilisée dans le score officiel bien que marquée par Louis BEGUET
Sélections
France- XV National : int. n° 153 - 10 sélections - 1922-1924
- Jeux Olympiques (Rugby à XV) : PARIS 1924
- Militaire