Gaston Joseph RIVIERE
Biographie
Gaston (prénom d’usage) Joseph RIVIERE est né avenue de Bélesta à LAVELANET (Ariège) le 21 septembre 1901. Il est le fils d’Eugène Prosper, représentant de commerce, natif de PRADETTES (Ariège) et de François Marie PERIES, native de SAINT-JEAN-D’AIGUES-VIVES (Ariège). Tous deux sont respectivement âgés de 27 et 26 ans lors de sa naissance. Son père, parti en voyage, n’assiste pas à sa naissance.
Gaston RIVIERE démarre sa carrière rugby très jeune en signant au STADOCESTE TOULOUSAIN en 1916. A la fin de la guerre, il signe au TOEC.
Chauffeur automobile lors de sa mobilisation, il est incorporé en avril 1921 (1) et effectue son service militaire aux 2e Aérostiers de TOULOUSE avec qui il atteint la finale de Champion de France en 1923 et une cape d’international militaire le 24 mars 1923. L’Armée Française bat ce jour là l’Armée britannique à TWICKENHAM. Il passe en disponibilité le 1er avril suivant avec un certificat de bonne conduite. Mi-avril 1924, il fait partie de la liste élargie des trente joueurs inscrits pour disputer les Jeux Olympiques de PARIS. Mais il ne sera finalement pas retenu. Son nom revient régulièrement pour intégrer l’Equipe de FRANCE. Il est reconnu comme un des grands spécialistes à son poste. Mais lors d’un rassemblement pour un match de sélection à MARSEILLE, il est victime d’un empoisonnement en mangeant des huitres. Après six mois de maladie, il mettra ensuite près de deux années avant de retrouver son niveau rugbystique. Ce temps perdu frustre énormément Gaston RIVIERE, persuadé que le train du statut d’international est passé.
Le 2 aout 1924, à TOULOUSE, il épouse Suzanne DEDIEU, fille d’un sabotier de CASTILLON-DU-COUSERANS (2). De leur union naitra un garçon prénommé Lucien (3). Professionnellement, il est employé des Etablissements de chaussures Lapeyrade à TOULOUSE lorsqu’il joue au TOEC. Au début de la saison 1926-1927, il signe à QUILLAN où il intègre l’immense industrie du Président BOURREL. Le 20 mars 1927, PERPIGNAN se déplace à QUILLAN.
Le match se déroule dans une atmosphère particulièrement tendue. Lors de l’intersaison, Jean BOURREL, Président de QUILLAN, profite de l’animosité entre Marcel LABORDE et Gilbert BRUTUS dans les rangs de l’USP après la finale perdue face à TOULOUSE. Il envoie des émissaires et promet des emplois dans son industrie à de nombreux joueurs perpignanais. Marcel BAILLETTE, Eugène RIBERE, Camille MONTADE, Amédée CUTZACH, Marcel SOLER, André RIERE, Jean GALIA, Georges DELORT signent à l’US QUILLAN. Gilbert BRUTUS les accompagne et devient l’entraineur. Ses mutations annulées en premier lieu sont finalement validées grâce à une Fédération qui ferme les yeux (4). L’USP de Marcel LABORDE est décimée. Ce match est celui de l’affrontement des « traitres ». Le match n’est pas violent mais dur.
Au cours d’une mêlée qui s’écroule, Gaston RIVIERE ne se relève pas. Transporté sans connaissance à la clinique des Platanes, une fracture de la 6e vertèbre est diagnostiquée. Une légère amélioration est constatée le lendemain et une opération est envisagée par le Professeur DUCUING mais Gaston RIVIERE s’éteint le 22 mars.
Entouré de sa famille et de l’ensemble du club de QUILLAN, il déclare dans ses derniers mots qu’il n’y a aucun fautif.
Ses obsèques ont lieu le jeudi 24 mars en la paroisse Sainte-Germaine à TOULOUSE devant une foule considérable. Ce même jour, Octave LERY, premier Président de la FFR, lance un appel dans le journal « La Dépêche ». Il demande l’arrêt de la violence et du jeu dur dans le championnat français Gaston RIVIERE est inhumé à LAVELANET. Ses coéquipiers effondrés déclareront forfait pour la rencontre de championnat suivante qui devait les opposer à COGNAC. Le 10 avril 1927, une journée « Gaston RIVIERE » est organisée en soutien à son fils et sa veuve au Parc des Sports de TOULOUSE. Deux rencontres ont lieu entre les 2e Aérostiers et le TOEC puis entre les anciens du TOEC à QUILLAN. Au mois de juin suivant, c’est l’OLYMPIQUE DE CARMAUX qui apporte à son tour son soutien à la famille en organisant une manifestation de solidarité. Cet accident tragique survient après le décès d’un grand espoir du football. Le 13 mars, Jean LE BIDOIS, 26 ans, gardien remplaçant de l’Equipe de France Olympique en 1920, international militaire et gardien de but du STADE OLYMPIQUE DE L’EST, décède des suites d’un coup de pied à la carotide lors d’une rencontre à SAINT-MANDE face à l’UNION SPORTIVE SUISSE (5).
La mort de Gaston RIVIERE accroit l’émotion dans le monde du sport. C’est aussi le point de départ de la campagne orchestrée par les autorités britanniques afin d’exclure la FRANCE du Tournoi des 5 Nations. Les reproches ? La violence des rencontres et l’amateurisme « marron ». Les Coqs sont exclus après le Tournoi 1931 et ne feront leur retour qu’en 1947.
(sources : recherches FinalesRugby : « Cent ans de rugby à Quillan » - Gallica – Retronews – Archives Départementales de l’Ariège).
(1) Sa fiche de mobilisation indique le 4 avril 1901 puis 4 août.
(2) Suzanne DEDIEU se remarie le 14 janvier 1939 à QUILLAN avec Antoine Baptiste CARBONEAU. Née le 23 juillet 1902 à CASTILLON-DE-COUSERANS (Ariège), elle décède le 24 janvier 1984 à NARBONNE.
(3) « La Soir » du 24 mars 1927 indique que Gaston RIVIERE avait deux enfants de 3 ans et 18 mois.
(4) Lors de son congrès annuel de 1927 qui se déroule après le décès de Gaston RIVIERE, la FFR met en place un règlement stipulant que chaque joueur muté devra attendre deux saisons avant de jouer avec sa nouvelle équipe. L’ancêtre de la licence rouge chère à Albert FERRASSE était née.
(5) Ironie de cette triste histoire : WAGNER, auteur du coup de pied fatal, se fracture la jambe quelques minutes après le choc avec Jean LE BIDOIS. La rencontre avait tout de même continué.
TOULOUSE (OLYMPIQUE EMPLOYES CLUB)
QUILLAN
