Maurice Gabriel LEUVIELLE

"Le bourru"

Né le : 28/06/1881 à Saint-Loubès (Gironde)
Décédé le : 14/12/1949 (68 ans) à Ambarès (Gironde)
Taille : 1m74
Poids : 79kg
Poste(s) : 14
Profession : Ingénieur chimiste

XV de France

Sur le terrain


01/01/1908
N° 18 (non entré)
drapeau France FRANCE
vs
drapeau Angleterre ANGLETERRE

0 - 19
Stade Yves-du-Manoir COLOMBES
( Stade du Matin )
Essai : 0
Transformation : 0
Pénalité : 0
Drops : 0
Carton : -

02/03/1908
N° 12
drapeau Pays de Galles PAYS DE GALLES
vs
drapeau France FRANCE

36 - 4
Arms Park CARDIFF

Essai : 0
Transformation : 0
Pénalité : 0
Drops : 0
Carton : -
Tournoi des 5 Nations

01/01/1913
N° 8
drapeau France FRANCE
vs
drapeau Ecosse ECOSSE

3 - 21
Parc des Princes PARIS

Spectateurs : 25.000
Essai : 0
Transformation : 0
Pénalité : 0
Drops : 0
Carton : -

11/01/1913
N° 4
drapeau France FRANCE
vs
drapeau Afrique du Sud AFRIQUE DU SUD

5 - 38
Route du Médoc LE BOUSCAT

Essai : 0
Transformation : 0
Pénalité : 0
Drops : 0
Carton : -
Tournoi des 5 Nations

25/01/1913
N° 5
drapeau Angleterre ANGLETERRE
vs
drapeau France FRANCE

20 - 0
Stade de Twickenham TWICKENHAM

Essai : 0
Transformation : 0
Pénalité : 0
Drops : 0
Carton : -
Tournoi des 5 Nations

27/02/1913
N° 5
drapeau France FRANCE
vs
drapeau Pays de Galles PAYS DE GALLES

8 - 11
Parc des Princes PARIS

Essai : 0
Transformation : 0
Pénalité : 0
Drops : 0
Carton : -
Tournoi des 5 Nations

02/03/1914
N° 8
drapeau Pays de Galles PAYS DE GALLES
vs
drapeau France FRANCE

31 - 0
Saint-Helen's SWANSEA

Essai : 0
Transformation : 0
Pénalité : 0
Drops : 0
Carton : -
Tournoi des 5 Nations

13/04/1914
N° 5
drapeau France FRANCE
vs
drapeau Angleterre ANGLETERRE

13 - 39
Stade Yves-du-Manoir COLOMBES
( Stade du Matin )
Essai : 0
Transformation : 0
Pénalité : 0
Drops : 0
Carton : -

Biographie

Gabriel Maurice LEUVIELLE est né à CAVERNES, village rattaché à SAINT-LOUBES, le 28 juin 1881 à 0h30. Ses parents Jean LEUVIELLE (né le 05/10/1858 et décédé en 1925) et sa mère Suzanne BARON (née le 04/03/1860 et décédée le 20/04/1958) sont propriétaires viticoles et natifs et mariés le 10/08/1880 toujours dans cette même commune. Maurice LEUVIELLE est l’aîné d’une fratrie de 4 enfants avec un frère cadet Gabriel LEUVIELLE (né le 16/12/1883 à CAVERNES et décédé le 01/11/1925 à PARIS 16e) plus connu sous le pseudonyme de Max LINDER, qui deviendra un grand acteur et réalisateur de son époque, ainsi qu’un second frère Gérard né en 1888 aux USA (1) et une sœur Suzanne Marcelle née le 08/06/1890 à CAVERNES et décédée le 24/12/ 1967 à LIBOURNE. Cette dernière a épousé André CRABIT, docteur-vétérinaire le 31 janvier 1918 à LIBOURNE et décédé en novembre 1969. Son frère Gabriel le mènera dans une bataille judiciaire d’une décennie dont nous reparlerons plus tard. Il effectue ses études au sein du lycée de garçons de BORDEAUX où entre 1895 et 1899 il décroche de nombreux prix et accessits dans de nombreuses disciplines telles que : anglais, musique vocale, histoire-géographie, histoire naturelle, gymnastique ou… exercices militaires sans armes. Avec un talent certain pour le dessin d’imitation et le tir, où il terminera 40e lors des championnats des lycées et collèges en 1898 et premier au tir à l’arme de guerre (sic) et médaille de vermeil en tir en 1899. Lors de cette année, de futurs grands joueurs ou personnages du rugby français s’illustrent toujours au niveau scolaire : Roger MAGNANOU sur le 100m, Robert COULOM obtient une distinction pour les épreuves de lendit. Roger DANTOU, futur Président de la FFR, médaillé d'argent en Tir à la carabine bosquette (air comprimé), Jean JAUREGUIBERR lui termine 4e. Ses études secondaires terminées, il effectue une année préparatoire aux écoles nationales d’agriculture – après semble-t-il un échec pour intégrer l’Ecole Nationale d’Agriculture de MONTPELLIER en 1900. Il décroche également prix et mentions en physique/chimie et sciences naturelles et un accessit en composition française et termine son année avec une mention honorable. Dans les classements de l’année, apparait son futur coéquipier Henri LACASSAGNE. Il intègre finalement l’Ecole Nationale d’Agriculture de MONTPELLIER en 1901. Il y restera jusqu’en 1905 où il se distinguera lors du concert de fin d’études en mars. La presse locale le présentera comme un « Pandore mélodieux ». Rugbystiquement, il effectue ses débuts au sein du BUC (BORDEAUX UNIVERSITE CLUB) en 1898 avant de rallier le SBUC (STADE BORDELAIS UNIVERSITE CLUB), fruit de la fusion du BUC et du STADE BORDELAIS en 1900. Durant son séjour montpelliérain, il évolue à l’UNION SPORTIVE DES ETUDIANTS DE MONTPELLIER en compagnie des centres toulousains finalistes en 1903, Albert BONGRAS et Auguste FABREGAT (2). Il revient ensuite au SBUC avec qui il disputera six finales consécutives entre 1906 et 1911 pour 4 titres et 2 défaites en 1908 et 1910 et sera la capitaine lors des finales de 1910 et 1911. A l’issue de ce dernier titre, il est porté en triomphe par la foule. Il sera même décoré de la grande médaille d'or de la ville de BORDEAUX par le maire Jean BOUCHE. Il joue à plusieurs postes : trois-quarts centre, ailier, troisième et deuxième ligne. Figure du rugby bordelais, brillant par sa vitesse et sa vision du jeu, il est tout de même décrit en janvier 1939 comme un « joueur banal mais chef très écouté » par Marcel DE LABORDERIE dans « Excelsior », il n’en est pas moins devenu international le 02 mars 1908 au PAYS DE GALLES après avoir été réserviste le match précédent le 1er janvier de la même année à PARIS face à l’ANGLETERRE. En décembre 1907, il apparait dans l’équipe du SUD composée de Bordelais et Toulousains qui affronte l’équipe du NORD à une écrasante majorité parisienne (3). Il décrochera 7 capes jusqu’en 1914 et une dernière rencontre face à l’ANGLETERRE. Il connait la défaite pour l’ensemble des rencontres – période compliquée pour le XV DE France – mais décrochera le capitanat lors de sa 3e sélection lors de la rencontre face à l’AFRIQUE DU SUD au BOUSCAT le 11/01/1913 (défaite 4-38) et ce jusqu’à sa dernière sélection. Ses camarades Jacques DUFOURCQ et Albert BRANLAT refusèrent leur sélection face à l'ANGLETERRE en 1908 au prétexte qu'il n'était pas retenu. Maurice LEUVIELLE est le 6e capitaine de l’histoire du rugby français (4). Sa carrière connait un coup d’arrêt avec la Première Guerre Mondiale. Il n’existe pas trace de rencontres de sa part à compter de cette période. Mais il entreprend une reconversion puisqu’il est désigné juge de touche pour les finales de 1914 (avec Alfred MAYSSONNIE) et 1923 (avec Maurice BRUNEAU). Un murmure l’annonce en avril 1914 de retour sur les terrains mais en novembre 1919 il prend en charge la préparation de l’équipe du SBUC. Il intègre ensuite durant de nombreuses années son Comité Directeur. Durant sa carrière il publie également quelques articles dans la presse sportive. Notamment le 29/12/1929 dans « L’Auto » où il expose l’immense fossé entre le rugby anglophone et des antipodes avec le rugby français. Les causes en sont les méthodes d’entrainement et un « certain quasi-professionnalisme ». Il insiste également « sur la pauvreté technique des demis et 3/4 français. ». En espérant vivement que les écarts se réduisent entre les nations et au fil des générations. Après ses études, désormais ingénieur chimiste agronome, il intègre la Station Agronomique et Œnologique à BORDEAUX créée en 1880 par la Faculté des Sciences où il officiera en tant que préparateur en compagnie de son coéquipier et ami Maurice BRUNEAU jusqu’en 1942. En juin 1910, il épouse Marie COURNEDE à TOULOUSE (née le 24/09/1880 à SALVAGNAC-CARJAC dans l’Aveyron et décédée le 14/11/1952 à AMABRES-ET-LAGRAVE). Ils n’auront hélas pas de descendance directe. Durant le premier conflit mondial, Adjudant au 144e Régiment d'infanterie de réserve, il est nommé sous-lieutenant pour toute la durée de la guerre en novembre 1914 avant de devenir Lieutenant de Territoriale au 57e Régiment d’Infanterie en aout 1917. Après la guerre, Maurice LEUVIELLE ne fait plus l’objet d’articles dans la presse. Mais un drame familial va faire basculer la famille LEUVIELLE dans une bataille judiciaire de près de 10 ans. Le 3 aout 1923, dans l'intimité en l'église Saint-Honoré d'Eylau, Max LINDER épouse Jeanne Hélène Marguerite PETERS. Ils se rencontrent deux ans auparavant à CHAMONIX alors que Max se repose après un séjour à SAN FRANCISCO. Jeanne n’avait que 16 ans. Les parents de cette dernière s’opposent à l’union mais cèdent finalement devant la pression médiatique. Après avoir été en haut de l’affiche, Max LINDER est sur le déclin : des blessures de guerre et professionnelles le font renoncer à une carrière aux USA et Charlie CHAPLIN lui vole la vedette. Rongé, Max LINDER devient jaloux maladif et sujet à de nombreuses crises. Il sombre dans la dépression et songe au suicide. En février 1924, il est sauvé in extremis dans un hôtel de VIENNE où il est en tournage. Jeanne n’absorbe pas le Veronal (barbituriques) comme le souhaitait Max. Enceinte de cinq mois, elle simule son geste. Après cette tentative ratée, Max LINDER bascule dans la paranoïa et craint l’empoisonnement. Maud nait le 27 juin 1924. Mais hélas le 1er novembre 1925, le couple décède à quelques heures d’intervalle Les premières constatations révèlent que tous deux ont absorbé une grande quantité de morphine. Puis Max a taillé les veines de Jeanne avant de faire de même. Les obsèques ont lieu à SAINT-LOUBES de le 5 novembre 1925. Maud est orpheline. Démarre alors la lutte fratricide pour sa garde. La famille LEUVIELLE opposée à la famille PETERS. Au-delà de la garde, il s’agit également d’une affaire d’héritage. Max LINDER était l’un des acteurs les mieux payés de son époque en FRANCE et surtout aux USA. La famille LEUVIELLE argue que Max LINDER a indiqué explicitement confier la garde de Maud à sa mère et que Maurice devienne le tuteur. La famille PETERS annonce détenir une lettre de Jeanne indiquant avoir vécu sous la menace de Max et ne pas vouloir que sa fille soit confiée à sa belle-famille. Un premier procès s’ouvrira le 23 novembre 1927 puis un second en avril 1931. Les avocats sont prestigieux et souvent opposés dans des affaires retentissantes : Maitre Alexandre MILLERAND, ancien Président de La République entre 1920 et 1924 qui défend la famille PETERS et Maître Joseph PAUL-BONCOUR qui défend la famille LEUVIELLE. (5) (6) Entre ces procès, un conseil de famille accorde la garde à la famille PETERS. Maud (surnommée Josette) navigue entre la SUISSE et SAINT-LOUBES. La Cour d’Appel tranche définitivement le 5 janvier 1935 en attribuant définitivement la garde de Maud à Maurice LEUVIELLE. La décision du conseil de famille est considérée comme nulle et le testament de Max LINDER fait foi car il est le dernier des deux décédés. Après une longue bataille et la menace d’un autre procès, la famille PETERS obtient gain de cause et Maud partira vivre avec sa famille maternelle. Est-ce que toute cette affaire a pesé sur Maurice LEUVIELLE ? Il a développé une grande jalousie envers ce frère. Il enterre les œuvres de son frère au fond du jardin familial sans aucune protection. Maud (décédée le 25 octobre 2017 à NEUILLY-SUR-SEINE) consacrera sa vie à tenter de rétablir la mémoire et l’œuvre de son père. Elle retrouvera les films mais en grande partie inexploitables. Victime d’une congestion en 1929, Maurice LEUVIELLE n’aura jamais véritablement récupéré l’intégralité de ses moyens physiques. Il décède à LA-GRAVE-D’AMBARES le 14 décembre 1949 (et non 1959 comme souvent indiqué). Il repose à SAINT-LOUBES aux côtés de son frère Max. ? (1) Selon Wikipédia et Geneanet, M. et Mme LEUVIELLE ont émigré quelques années aux USA en raison de l’épisode de phylloxera qui a détruit une grande partie du vignoble bordelais. Gérard Laurent LEUVIELLE est ainsi né en 1888 à ROCHESTER (Etat de New-York). Maurice et Gabriel ont été confiés à leurs grands-paternels durant cette période. (2) « RUGBY » du 10/11/1917 annonce LEUVIELLE, BONGRAS et FABREGAT anciens du S.O. MONTPELLIERAIN (3) SCUF + STADE FRANÇAIS + RACING CLUB DE France. Seul BAER du HAC fait exception. (4) Après Henri AMAND, Gaston LANE, Marcel COMMUNEAU, René DUVAL et Jacques DEDET (5) Alexandre MILLERAND, socialiste indépendant, glisse dans des positions très à droite à la fin des années 1910. Joseph PAUL-BONCOUR, s’il est lui aussi d’abord socialiste indépendant, rejoint la SFIO en 1916 et s’il appartient à l’aile droite du parti, il n’ira jamais aussi loin à droite que Millerand (même s’il quitte la SFIO en 1931). Les deux hommes ne sont pas de la même génération et n’ont pas eu non plus la même carrière. (6) Joseph PAUL-BONCOUR connaît quand même MILLERAND de longue date : le premier était le secrétaire particulier de WALDECK-ROUSSEAU, chef du gouvernement dans lequel le second était ministre du Commerce de 1899 à 1902. Enfin, le collaborateur direct de MILLERAND, Raoul PERSIL, était une figure politique du Loir et Cher comme PAUL-BONCOUR ; les deux se sont affrontés en 1931 lors de l’élection sénatoriale dans ce département. (Sources : recherches FinalesRugby : archives du journal « Sud-Ouest » - Gallica – Retronews - Geneanet – Archives de la Gironde - Matthieu BOISDRON : « Joseph PAUL-BONCOUR Un itinéraire politique contrarié (1873-1972) » – Francis MEIGNAN)

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